Je voulais parler ici d'une bonne action à faire, du moins pour toute personne attachée à l'Art... Dans la petite commune de Saint Romain Aux Monts d'Or (banlieue de Lyon), se déroule depuis un moment déja un bras de fer entre Thierry Ehrmann, bien connu des marchés de l'Art, et la mairie, d'étiquette U.M.P. L'enjeu est une collossale oeuvre d'Ehrmann et d'un collectif d'artistes, une oeuvre de déconstruction artistique, j'ai nommé La Demeure du Chaos... Rappels des étapes de la construction de cette oeuvre...
- 2001, Thierry Ehrmann commence la construction, ou plutôt la déconstruction d'un musée-oeuvre, comprenant aujourd'hui 2900 oeuvres d'Art... Rapidement, le conflit s'engage avec la mairie, qui réclame sa destruction, ainsi que celle de toutes les oeuvres qui y sont entreposées. "Ce que je ne peux pas tolérer, c'est qu'on impose (ce spectacle) à la vue des gens", juge le maire Pierre Dumont, qui dit recueillir quotidiennement des témoignages d'habitants excédés. Une contre-demeure a d'ailleurs été créée juste en face, "La Maison de l'Eden". L'affaire est portée devant les tribunaux. Le collectif créé une pétition de soutien... Les médias commencent à s'interresser à cette bataille.
- 2006 : Le tribunal ayant donné un non lieu en faveur de Thierry Ehrmann, la mairie se porte en Cour d'appel, qui confirmera la décision de non lieu... D'où un pourvoi en Cassation. La Cour de Cassation n'a pris en compte que 2 pourvois formulés par la Commune de Saint Romain au Mont d'Or. Ces pourvois se basaient sur 3 moyens. 1er moyen : la Mairie a reproché à l'arrêt d'avoir relaxé la SCI VHI sans rechercher si les infractions n'avaient pas été commises pour partie ultérieurement à la responsabilité pénale des personnes morales/ 2e moyen : la Mairie a reproché à la Cour d'Appel de Lyon d'avoir considéré que les dispositions prétendument violées (notion "d'harmonie") du plan d'occupation des sols étaient insuffisamment précises pour donner lieu à une condamnation pénale/ 3e moyen de la Mairie non retenu : critiquait les motifs pour lesquels la Cour d'Appel de Lyon a jugé qu'il n'y a avait pas lieu d'ordonner la destruction des 2900 oeuvres d'art et la "remise en état".
Cette demeure, par le nombres de visiteurs chaque année, les nombreux articles et reportages à son propos... est entrée dans l'Histoire de l'Art, sans doute comme précurseur d'un nouveau courant, basé tant sur Duchamps et tant d'autres que sur la pensée de Jacques Derrida... Son coté dérangeant, dans une esthétique très no wave, est une cause de ce combat mené, à l'heure où le Times titre sur "la Mort de la culture française"... Et la destruction de cette demeure lui donnerait entièrement raison... Ce qui dérange, c'est que cette oeuvre place la destruction comme création, ébranle certaines certitudes, créé le malaise, exhibe un certain mal être qu'on préfèrerait oublier. Il y a une réelle envie de censure, qui serait perçue comme une autoprotection... Cacher le mal plutôt que l'accepter pour le soigner... Ce procès pose aussi des problèmes éthiques et philosophiques : La Loi peut-elle juger ce qui est de l'Art ou non ? Est ce son devoir ? Doit-on accepter des limites dans la création ? Si l'Art doit être limité dans ses points de vues, que reste t-il d'espace d'expression ? Art et urbanisme doivent-ils se lier ? Tant d'autres questions peuvent se poser, sur lesquelles les juges devront statuer...
Nous avons une possibilité de peser sur ce jugement, et par conséquent sur l'avenir culturel du pays... Signez la pétition, et pour les plus motivés, passez commande d'un "kit de soutien"... Il est gratuit et comprend des cartes (à distribuer, qui servent de relai de la pétition), un livre de photos, des photos couleurs de certaines oeuvres, et un T-shirt de la Demeure... Merci bien de votre attention. En espérant que vous rejoignez ce combat...
1 commentaire:
Tu me connais assez pour savoir que je soutiendrais la Demeure du Chaos.
Quand bien même elle ne me plairait pas, je crois que je le ferais quand même. l'Art n'est PAS un compromis !
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