dimanche 6 janvier 2008

"les Mozart du métro"

Depuis 1989, Daniel Mermet met sur les ondes de France Inter, des emissions et reportages en rapport avec l’actualité sociale. Si l’on revient au mois de janvier 2007, un reportage d’une quarantaine de minutes était consacré au « métro academy ».


Le métro academy est le nom donné au phénomène qui envahit les couloirs des métros. Les musiciens qui sont installés là et qui jouent leur musique proviennent de l’EMA. L’EMA est l’Espace Metro Accord. C’est l’endroit où l’on selectionne les futurs musiciens du métro. C’est une sorte d’audition qu’ils doivent passer pour avoir le droit de jouer ; certains d’entre eux parlent d’un entretien d’embauche. En effet, même s’il peut y avoir des professionnels, ils n’ont pas tous un travail à côté. En revanche, ce qui les réunit tous est le bonheur de partager leur musique ; la musique permet également de « rendre le métro un peu moins impersonnel ».

L’EMA retient sur les mille candidats qui se présentent chaque année, seulement trois cents cinquante musiciens afin d’accompagner les deux millions cinq cents mille voyageurs. Ce sont des salariés de la RATP qui servent de jury ; ils doivent se mettre à la place des voyageurs afin d’évaluer les musiciens qui se présentent. Une fois sélectionnés, il y a quelques règles à respecter (par exemple : le premier installé à la place ou le fait qu’un agent de la RATP peut demander à un groupe de se deplacer).

Malgré ces quelques règles, les musiciens du métro sont contents de pouvoir partager leur passion et par la même occasion de joindre l’utile à l’agréable. En une journée, l’argent gagné varie entre 20 et 50 euros. Cela dépend de la chanson, de l’humeur des gens et du contexte social (par exemple, au moment de Noël, les gens sont souvent plus généreux). Ainsi, pour maximiser leurs chances, ces musiciens ont plusieurs secrets : d’une part, choisir un quartier par rapport à leur style de chant, d’autre part, retourner aux endroits habituels, ce qui permet de fidéliser la « clientèle ». Certains vont préférer jouer sur l’exotisme, la curiosité en utilisant des instruments peu répandus en France tels qu’un instrument traditionnel japonais ou un balafon, pendant que d’autres vont favoriser un moment de la journée qu’ils pensent mieux adapté à leur musique. « Il faut que le public soit réceptif sinon ça ne fonctionne pas ».

En effet, jouer dans le métro ce n’est pas comme jouer dans une salle. Tout d’abord, il faut réussir a interesser les passagers, qu’ils fassent attention à la musique. Puis, dans une salle, les spectateurs sont « conquis », ils sont là pour écouter alors que le métro reste un lieu de passage. Mais, comme l’affirme l’un des musiciens, « lorsque les gens s’arrêtent pour écouter, cela est plus gratifiant ». Ainsi pour plaire au jury et à la foule, ces musiciens insolites doivent avoir une certaine aisance, du dynamisme, de la bonne humeur et parfois donner un peu de dépaysement.

Pourtant cela n’est pas toujours simple. En effet pour la plupart il s’agit d’un moyen de ganger sa vie, la première fois n’est donc jamais facile. Ils ressentent de la peur, de l’angoisse, jouent mal et se sentent un peu SDF. Mais lorsqu’ils trouvent un public et sont reconnus par la suite comme auteur-compositeur-interprète ; ils sont fiers d’avoir eu ce tremplin et de porter leurs histoires jusqu’au bout.

Ce phénomène de « métro academy » se développe internationnalement ; en effet Tokyo, Londres et Amsterdam abritent déjà les musiciens du métro. Maintenant si l’on souhaite les écouter en France, il suffit de prendre le métro parisien. Ils sont partout de Bastille à Montparnasse en passant par la Gare du Nord ou la Place d’Italie.

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