samedi 12 janvier 2008

Tannhäuser: un "Opéra" célèbre


A l’attention de Monsieur Carsen,

J’ai assisté à la représentation de Tannhäuser à l’Opéra Bastille, le 27 décembre 2007. Ma place m’a coûté 120 euros, pour un placement peu agréable : 1er balcon, situé vers la droite, à côté d’une femme qui avait une toux. Donc, comme vous pouvez le constater, tout commençait pour le mieux. Ensuite, la sonnette retentit, les lumières s’éteignent et le chef d’orchestre arrive. A ma grande surprise, ce n’ést pas Seiji Ozawa dont tout le monde parle en ce moment, mais un autre chef d’orchestre qui se substituait à lui pour la soirée.

Apparaît un Tannhäuser devenu peintre et une Vénus nue. Le décor est sobre, juste un matelas, et un chevalet sur lequel est posé le tableau qu’on ne verra jamais. Rien d’extraordinaire ne se passe sur scène. Vénus joue le rôle de potiche posant pour son amant. Viennent ensuite les doubles de Tannhäuser et leurs tableaux. Ils se dévêtissent, commencent à gesticuler dans tous les sens, se roulent dans la peinture rouge, exécutent un simulacre de masturbation en se frottant sur leur tableau. Où est donc l’intérêt de ce spectacle indécent et vulgaire ? Est-ce une figure de style maladroite ?

Le décor change lors du deuxième acte. On se retrouve dans une salle d’exposition ; une sorte de vernissage contemporain, plateaux de petits fours et flashs de journalistes inclus. La lumière de la salle est restée allumée une grande partie de l’acte. Du fait de mon « formidable placement », qui je le rappelle, m’a coûté 120 euros, je n’ai rien pu voir du jeu des acteurs et des chœurs lorsqu’ils n’étaient plus sur scène, mais sur le parterre. J’ai malgré tout pu « apprécier » les éclairages raffinés de Peter Van Praet.

Le troisième acte a provoqué chez moi des accès d'endormissement tellement l'action était d'un insoutenable soporifisme et Dieu sait que j’admire les œuvres de Richard Wagner. Et par-dessus tout, ce qui a été pour moi la pire des choses, c’est ce grotesque final des plus heureux, où Tannhäuser est adulé par tous, tel un héros des temps modernes, obtenant même le beurre et l’argent du beurre en possédant l’incarnation de ses deux muses. Devant un tel spectacle, il m’est immédiatement venu à l’idée de songer que la mise en scène était digne d’une mauvaise série B hollywoodienne laquelle m’a fait lever les yeux autour de moi, me rendant compte que mon voisinage ne mangeait pas de pop corn, mais était endimanché afin de faire honneur à ce qui devait être un « véritable » Opéra de Richard Wagner.


Sur ce, Monsieur Carsen, je vous transmets mes plus sincères salutations.


Yeeni

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