jeudi 10 janvier 2008

Impressionnistes en colère!



La censure, voici un horrible mot auquel nous, artistes dits « impressionnistes », sommes très souvent confrontés. En effet, en quoi pouvons-nous choquer ? Est-ce la peur de la nouveauté ? Un refus d’accepter une évolution dans l’art pictural ? Ou tout simplement le fait que nous représentions des scènes de la vie de tous les jours ?

Notre art, comme certains journalistes et peintres la définissent, est censée représenter une "impression du moment". Claude Monet l’avait bien expliqué dans son chef d’œuvre Impression au soleil levant. Cela expliquait le fait que la touche de l’artiste est visible ; ce n’est pas une peinture "léchée" faite pour plaire au grand nombre. Et nos œuvres ne représentent pas des dieux grecs ou autres imageries conservatrices de ce genre.

Nous essayons tant bien que mal d’innover, de donner un nouveau souffle à la peinture qui n’a pas évolué depuis 1648. Pensez-vous qu’une représentation de Venus entourée de coquillages est plus représentative de la vie de tous les jours qu’une toile représentant une gare avec ses trains et ses voyageurs ? Nous nous efforçons de représenter à notre manière la vie de tous les jours. Certes nous ne sortons pas de l’Académie et pour beaucoup d’entres nous, nous n’avons jamais pris de cours pour apprendre à peindre et savoir représenter « le Beau ». Nous ne sommes pas cependant dénués de goût !

En vérité, vous, directeurs de musées n’aimez pas le changement, vous avez peur que le public déserte vos musées. Alors vous avez créé le salon des refusés qui est davantage un lieu qui sert au public à trouver un exutoire facile pour déverser sa haine envers notre art plutôt qu’à chercher un quelconque intérêt artistique. Il faut dire aussi que vous encouragez le public à critiquer nos œuvres de cette façon.

La grande question que nous sommes en droit de nous poser est : pourquoi avoir peur du changement ? N’est-ce pas l’un des caractères de l’art ? Le changement est sans doute l’un des rôles fondamental que chaque artiste se doit d’accepter. Le problème, ici, c’est que la peinture que vous présentez et que vous qualifiez comme belle, égale à la nature, s’inspire d’un ensemble de recettes établies sous le règne de Louis XIV. Ce temps là est révolu.

Par cette lettre nous souhaitons vous faire changer d’avis, nous espérons que les « impressions » négatives que vous avez envers nos oeuvres vont changer. Evidement le style que nous pratiquons demande une certaine ouverture d’esprit, nous l’admettons. Mais elle ne peut pas se faire si vous empêcher cette ouverture de naître.

Signataires : Monet, Pissaro, Degas, Sisley, Cezanne, Manet, Renoir.

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