vendredi 4 janvier 2008

Metro Academy… ou la « Star Ac’ du sous-sol »

Depuis 1989, France Inter diffuse une émission quotidienne de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis » qui est également accessible en ligne à l’adresse http://www.la-bas.org/, site « non officiel » qui permet d’écouter les archives de l’émission. « Là-bas si j’y suis » a obtenu le prix Ondas 1992, Scam en 1993 et celui du Conseil français de l’audiovisuel en 1998.

Le 3 janvier 2007, l’émission présente un reportage de Giv Anquetil et Pascal Pascarielo consacré aux chanteurs et musiciens du métro parisien, intitulé "Metro Academy" ou encore, comme l’annonce Daniel Mermet, dans le générique, la "Star Ac’ du sous-sol".

Micro en main, les journalistes captent l’ambiance sonore qui enveloppe les voyageurs, le grincement des rames qui entrent en station, le brouhaha provoqué par le ballet animé des passagers, des bribes de paroles et un air de musique quand le fracas s’apaise.

De Abbesses à Bastille en passant par Nation, ils vont à la rencontre de ces artistes qui, pour accéder aux couloirs du métropolitain, ont suivi le cursus sélectif mis en place par la Régie autonome des transports parisiens (RATP).

En effet, dans le cadre de sa politique culturelle rénovée dont l’un des objectifs consiste à ériger le métro en lieu de rendez-vous de la culture et des loisirs reflétant tous les arts, la RATP a créé l’Espace Métro Accords (EMA), en septembre 1997. Toutes les informations relatives à cet organisme sont accessibles sur le portail de la RATP dans l’Espace culturel, à l’adresse suivante : www.ratp.fr/corpo/esp_culturel/musiciens/index.shtml.

Structure d’accueil des musiciens « à la recherche d’une reconnaissance artistique ou d’un moyen de subsistance », l’EMA doit faire face à un nombre croissant de candidats à l’accréditation.

Pour environ 1000 postulants par an, 350 musiciens seront retenus après l’audition et l’entretien de motivation organisés par un jury formé de cadres et d’employés de la RATP.

Au cours de leur périple, les reporters s’entretiennent avec certains de ces lauréats qui ont pour nom Rachelle, Héléna et Cécilia, Ticia, Amal, Camilo, Marco, Mimi et Pepita, le groupe Bantousan, Frédéric et Jaffar du groupe Mademoiselle de Bucarest et Nabuko Matsumiya.

Une chanteuse lyrique, reconnaît qu’elle a choisi le métro après avoir exercé dans différents chœurs et qu’elle y a appris l’humilité. Au détour d’un couloir, c’est Nabuko Matsumiya qui apparaît avec son volumineux instrument traditionnel. Marié à un français, elle vit en France et interprète des chansons appartenant au folklore japonais. Plus loin, trois joueurs de balafons accompagnent de rythmes africains le flot de passagers en transit. Ailleurs, c’est cet argentin qui officie dans le métro depuis six ans ou encore ces clarinettistes qui affectionnent le jazz manouche et pour lesquels « c’est le bonheur » lorsque « la reconnaissance est dans le chapeau ». Enfin, Rachelle, auteur-compositeur- interprète, a choisi de chanter dans le métro afin de s’habituer au public. Mère divorcée, elle espère connaître la célébrité et chante chaque jour de 8 h 00 à 9 h 30 afin de pouvoir s’occuper de ses enfants. Pour elle, ce moment d’échange « soleil » avec les voyageurs lui permet de tisser un lien « affectif » avec les habitués.
Si certains ne se produisent qu’une heure trente par jour, d’autres jouent pendant quatre heures et tous apprécient l’acoustique exceptionnelle du métro parisien. Mais quelques-uns sont parfois amers pensant que « les gens s’en moquent »… Néanmoins, en moyenne, ils reçoivent de 20 à 50 euros pour leur production quotidienne, donnés par les usagers du métro qui manifestent ainsi le plaisir qu’ils éprouvent à ces rencontres impromptues. Cependant, d’autres, moins enthousiastes, admettent que c’est « agréable quand on passe » mais aussi qu'« on entend mais on n’écoute pas »… Pourtant, la RATP, par ce programme d’animations, souhaite offrir aux voyageurs une prestation de qualité et quelques moments d’émotions musicales !

De plus, son ambition ne se limite pas à ce rôle. L’EMA veut aussi permettre à ces artistes de mettre au point leur répertoire face à un public varié. Il espère également que certains seront découverts par des professionnels qui les engageront comme ce fut le cas pour Alain Souchon, Laâm, Michel Polnareff, Jacques Higelin, Dany Brillant, Manu Dibango, Ben Harper, Touré Kouna… Par ailleurs, la RATP complète maintenant son action en mettant gratuitement un fichier d’artistes à disposition des entreprises ou collectivités souhaitant organiser une manifestation.

Daniel Mermet a raison, la « Star Ac’ du sous-sol » est née !

En cela, il faut être reconnaissant à France Inter qui, par cette émission, offre à ses auditeurs et internautes la possibilité de saisir ces bribes de vie quotidienne méconnues. En effet, cette escapade, dans les méandres des couloirs du métro parisien, a permis de découvrir des personnalités respectables, anonymes, animées par l’amour de leur art.

Aucun commentaire: