A tous les artistes, qui ont écrit cette lettre ouverte, dans le journal Le Temps, le 11 février 1887, Messieurs Dumas, Maupassant, Gounod, Delisle, Sardou, Garnier, Copée, Prudhomme et bien d’autres, je souhaite répondre en leur donnant quelques précisions sur mon œuvre ainsi que sur ma vision de l’art.
Tout d’abord, je tiens à leur exprimer mon accord sur la magnificence de la ville de Paris. Qui pourrait être en désaccord avec cela? Cette ville est l’une des plus belles du monde, par son patrimoine historique. Mais Paris n’est pas pour moi « sans rivale au monde ». Chaque ville à son héritage culturel. Et c’est seulement en mon poste d’architecte, amateur d’art, que je me permets de citer la colossale Rome, capitale italienne à qui l’on doit, certaines beautés comme le Colisée, la place d’Espagne, le Panthéon, la fontaine de Trévise, la basilique Saint-Pierre, et j’en oublie.
Ainsi, s’il n’est pas possible à des artistes de concevoir une beauté autre que celle provenant d’un amour patriotique proche du « chauvinisme », comment pourriez-vous accepter une architecture nouvelle modifiant votre culture? Est-ce si aberrant d’imaginer une structure avec des matériaux différents de la pierre?
Car, oui, mon édifice est novateur par son changement de support. Et c’est une œuvre démesurée qui surplombera Paris. Est-ce cela qui vous fait problème? Un Paris qui ne serait plus seulement celui de Louis XIV, ni celui de Jean-François Chalgrin, mais celui de M. Eiffel, qui aura osé le changement, donné naissance à autre chose que du gothique, style tellement vu et revu qu’aucune création n’est plus possible. Si vous êtes contre de nouvelles techniques, vous demeurez contre l’avancement de l’art. Comment font Eugène Vallin et Henri Guitton, qui eux aussi utilisent du fer, des boulons pour leurs façades?
Si c’est la grandeur qui vous gène, dites-vous, comme Ralph Waldo Emerson, que « les grands hommes, les génies, les saints, n'ont fait de grandes choses que parce qu'ils étaient inspirés par un grand idéal. On a besoin d'accrocher sa charrue aux étoiles. »
Pour conclure sur la facilité de votre argumentation qui n’est en fait qu’un ordre de vos idées, je ne peux que vous dire que si je n’ai pu répondre à vos questions, vous n’avez qu’à envoyer une lettre à Edouard Lockroy, Ministre de l’industrie et du commerce, qui, lui, a accepté le projet mais peut encore changer d’avis.
Mes salutations distinguées,
Gustave Eiffel
Tout d’abord, je tiens à leur exprimer mon accord sur la magnificence de la ville de Paris. Qui pourrait être en désaccord avec cela? Cette ville est l’une des plus belles du monde, par son patrimoine historique. Mais Paris n’est pas pour moi « sans rivale au monde ». Chaque ville à son héritage culturel. Et c’est seulement en mon poste d’architecte, amateur d’art, que je me permets de citer la colossale Rome, capitale italienne à qui l’on doit, certaines beautés comme le Colisée, la place d’Espagne, le Panthéon, la fontaine de Trévise, la basilique Saint-Pierre, et j’en oublie.
Ainsi, s’il n’est pas possible à des artistes de concevoir une beauté autre que celle provenant d’un amour patriotique proche du « chauvinisme », comment pourriez-vous accepter une architecture nouvelle modifiant votre culture? Est-ce si aberrant d’imaginer une structure avec des matériaux différents de la pierre?
Car, oui, mon édifice est novateur par son changement de support. Et c’est une œuvre démesurée qui surplombera Paris. Est-ce cela qui vous fait problème? Un Paris qui ne serait plus seulement celui de Louis XIV, ni celui de Jean-François Chalgrin, mais celui de M. Eiffel, qui aura osé le changement, donné naissance à autre chose que du gothique, style tellement vu et revu qu’aucune création n’est plus possible. Si vous êtes contre de nouvelles techniques, vous demeurez contre l’avancement de l’art. Comment font Eugène Vallin et Henri Guitton, qui eux aussi utilisent du fer, des boulons pour leurs façades?
Si c’est la grandeur qui vous gène, dites-vous, comme Ralph Waldo Emerson, que « les grands hommes, les génies, les saints, n'ont fait de grandes choses que parce qu'ils étaient inspirés par un grand idéal. On a besoin d'accrocher sa charrue aux étoiles. »
Pour conclure sur la facilité de votre argumentation qui n’est en fait qu’un ordre de vos idées, je ne peux que vous dire que si je n’ai pu répondre à vos questions, vous n’avez qu’à envoyer une lettre à Edouard Lockroy, Ministre de l’industrie et du commerce, qui, lui, a accepté le projet mais peut encore changer d’avis.
Mes salutations distinguées,
Gustave Eiffel
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