Nous, conservateurs de musée en poste ou à la retraite, artistes, étudiants, professeurs ou simples amateurs d’art, nous nous indignons contre la construction d’un Louvre à Abu Dhabi, d’ici à 2012.
Un accord, ratifié en mars 2006 par Paris et la capitale des Emirats Arabes Unis, prévoit trois closes : l’utilisation de la marque Louvre pendant 20 ans, la mise au point de projets d’exposition par la France, et le prêt pendant les premières années de 300 œuvres pour une durée d’un an maximum. Le contrat n'étant évidemment pas fondé sur une extrême générosité de la part des pouvoirs publics français, il en coûtera un milliard d'euro à Abu Dhabi.
Devons-nous rester impassibles face à cette dérive commerciale ? N’est-il pas de notre devoir d’empêcher que les œuvres deviennent la monnaie d’échange d’enjeux géopolitiques ?
Nous adhérons évidemment au principe de libre circulation des œuvres d’art, mais uniquement dans le cas d’une gratuité totale. Faut-il rappeler que le système français est envié outre-Atlantique où seul le musée de Washington est national ? De plus, nous nous opposons farouchement à des prêts d’une si longue durée qui pénaliseront les visiteurs des musées français.
La construction d’un Louvre Abu Dhabi, inclue dans le projet pharaonique d'une « cité culturelle » sur l’île de Saadiyat (l’île du bonheur), est principalement motivée par de mercantiles enjeux, en total désaccord avec une utilisation éthique des œuvres d’art, garantes incontestées de l'histoire des nations.
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