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dimanche 13 janvier 2008

Ceci tuera cela * (* Victor Hugo)



Messieurs les dirigeants des multiplexes cinématographiques et promoteurs immobiliers, fossoyeurs de l'exception culturelle,

Permettez-moi de vous faire parvenir mes craintes. Depuis une quinzaine d'années, plus d'une centaine de multiplexes ont été implantés en France ce qui a pour conséquence directe la fermeture progressive des cinémas de proximité. En effet, 41% du public des multiplexes a cessé de se rendre dans les salles qu'il fréquentait. Alors qu'il faudrait protéger la diversité culturelle qu'offrent les différents cinémas actuels, vous imposez une concurrence exacerbée et privilégiez le cinéma américain formaté, ce qui de surcroît apporte une difficulté accrue pour le cinéma d'auteur, dont l'offre et la production s'affaiblissent.


Du point de vue de l'aménagement urbain, il est inacceptable de voir se créer des "zones culturelles" dans les zones industrielles des périphéries de villes car il est important que la culture soit intégrée au lieu de vie pour qu'elle soit plus accessible. Le cinéma doit continuer à avoir un rôle social et doit rester un lieu de rencontre et de partage où le débat a sa place. De plus, ces zones commerciales excentrées incitent à prendre systématiquement la voiture pour aller au cinéma.


Enfin, le cinéma, comme tout art, se doit de rester dans le domaine de l'exception culturelle : la règle du profit et de l'argent n'a pas à interférer sur le terrain des arts et de la création. Ceci car la culture est une nécessité vitale. Elle est au cœur de l'existence à laquelle elle donne un sens. En effet, celui qui contrôle les moyens de son expression et de sa diffusion contrôle le devenir humain. La culture est un réel combat, c'est l'instrument qui nous permet de nous désaliéner. C'est pourquoi il est important de faire d'une règle d'or l'exception culturelle et de refuser le néo-libéralisme qui transforme cette culture en valeur marchande au grand profit des compagnies transnationales.

mercredi 9 janvier 2008

Metro Academy, petit tremplin pour grande expérience



Rediffusion le 3 janvier du reportage de Giv Anquetil au sein de l'émission de Daniel Mermet, "Là-bas si j'y suis", sur France Inter.


Depuis 1997, grâce à la création de l'EMA (Espace Métro Accord), la RATP propose à 350 musiciens agréés un lieu privilégié d'expression. L'EMA est le lieu où sont sélectionnés sur mille prétendants les musiciens du métro. Le métro est une ville souterraine dans la ville, où on essaie de reproduire ce qui se passe au-dessus. C'est pourquoi la RATP offre une place importante à la musique vivante (toujours porteuse d'histoire) dans ses souterrains qui présentent une acoustique exceptionnelle.

Dans des interviews, on découvre les pensées et les pratiques des différents musiciens qui ont réussi la sélection.

C'est le cas de cette cantatrice soprano à Odéon, Ticia, qui chante dans le métro pour gagner sa vie après être passée par le Conservatoire de Paris et différents chœurs. Elle apprécie les moments euphoriques comme Noël où les voyageurs sont moins tristes et plus aptes à apprécier sa musique. A Bastille, on découvre Nabuko Matsumiya et son toko, instrument traditionnel japonais avec lequel elle chante des airs traditionnels de son pays. Souvent dans les stations à grand passage, il y a l'ensemble de trois balafons accompagné d'un chant en français à propos de leur condition d'émigré (dans l'extrait) sur les rythmes frétillants du Cameroun. Les trois musiciens remarquent que les réactions sont de moins en moins agressives car l'intégration est meilleure. Plus loin, certains sont critiques envers notre système actuel, comme Camilo, guitariste argentin qui veut vivre en dehors de toute contrainte d'horaires et de patron. Il joue le soir car sa musique est tranquille et ne s'accorde pas avec l'ébullition du métro en journée. Avec consternation, il se rend compte souvent que les gens préfèrent regarder les publicités plutôt que d'être attentifs à la musique. De même, on apprend que les deux guitaristes de jazz manouche du groupe Mademoiselle de Bucarest trouvent éprouvant de jouer dans le métro du fait du passage constant, mais que c'est gratifiant quand les voyageurs s'arrêtent pour écouter. Enfin, à Nation, on découvre Rachelle, chanteuse-compositrice qui renoue avec la musique de sa jeunesse pour en faire un véritable projet. Pour elle, c'est un besoin de chanter, un moyen de bien commencer sa journée. Toujours aux mêmes endroits, elle finit pas "connaître" les passants avec un véritable échange de regards, même si cela ne dure pas longtemps.

A travers ces interviews, on apprend qu'il est évidemment bien difficile de gagner sa vie dans le métro – il s'agit plus d'arrondir les fins de mois – mais que tous apprécient ce lieu où il font chacun l'expérience d'un public non intéressé, et y apprennent la gestion du trac et l'humilité.

Pour conclure, il faut reconnaître qu'il s'agit d'un petit tremplin, mais surtout d'un lieu où se forgent la personnalité et le répertoire de l'artiste. D'ailleurs, le terme "Star'Ac du sous-sol" n'est pas adapté : avec cette émission, on découvre une musique d'une réelle qualité et non formatée. Et il est appréciable d'entendre tout style de musique.

mercredi 24 octobre 2007

Autoproduction et souscription


In the garden, neuvième album de Mano Solo, est sorti dans les bacs en mars 2007. Sept mois avant, une souscription est lancée sur son site pour contribuer à la promotion de l'album. En échange le souscripteur a un accès privilégié au site avec divers bonus, des titres en exclusivité et reçoit le disque avant sa sortie commerciale. Ayant quitté son label (le contrat ne lui convenant pas), le voici qui produit son album se confrontant à cette vision manichéenne qui oppose majors qui s'engraissent et pear to pear qui tue les artistes. Par cette démarche, l'artiste souhaite se démarquer de l'industrie du disque classique tout en montrant que la production artistique a un coût qu'il y ait un intermédiaire (ici une maison de disque) ou non. Cet acte lui permet donc d'affirmer aux amateurs de musique qu'acheter un disque est aussi un acte qui permet réellement à l'artiste de créer. "Je vais expliquer aux gens que s'ils veulent que Mano Solo existe, on ne doit pas le télécharger".

On ne peut pas dire que la souscription soit une réussite puisque seulement 2600 internautes se sont engagés, alors qu'à chaque nouvel album 70 à 150 000 albums sont vendus. L'artiste cherche donc une nouvelle maison de disque…

Ju